Les mines d'argent et d'étain sont
toujours en activité, et quelques mineurs proposent même de les
visiter mais nous avions deux excellentes raisons pour ne pas
effectuer cette visite. La première est d'ordre éthique. Comment
peut-on aller jouer les touristes dans une mine où de nombreux
boliviens souffrent chaque jour ? Hommes, femmes, enfants (en
alternance avec l'école qui pratique la double vacation) passent de
huit à vingt-quatre heures enfermée dans des galeries où les
écarts de température peuvent être énormes. Ils y respirent
toutes sortes de poussières et de gaz toxiques et y effectuent un
travail de bagnard. Seuls l'alcool et la coca leur permet de tenir le
coup. L'espérance de vie n'excède pas 45 ans...
La seconde est plus terre à terre,
nous avions tous les deux les caguettes ! Si Martine avait bien
surmonté notre première expérience spéléologique dans le
Ventoux, cela avait été beaucoup plus difficile pour moi !
Aussi nous étions bien décidés de vous parles des mines en vous
renvoyant sur l'article de Caro et Lolo sur leur blog... Et puis, il
a suffi de la rencontre avec un couple de Français ce matin au petit
déjeuner pour que nous nous laissions convaincre. D'abord on était
dimanche et le dimanche,il y a très peu de mineurs qui travaillent,
et les guides mineurs qu'ils nous ont conseillés étaient très
attentifs.
La visite commence donc par un
déguisement de mineur (bottes, pantalon, veste et casque avec une
lampe), puis on se rend dans l'entreprise qui traite les minéraux
extraits par les mineurs, d'abord avec un concassage et dépôt, puis
traitement chimique. Ensuite nous passons par une épicerie
spécialisé (sorte d'Hélène spécial mine) où nous achetons les
offrandes pour les mineurs que l'on devrait croiser. On en profite
pour boire l'alcool des mineurs en en versant quelques gouttes sur le
sol pour demander la protection de Pachamama. Il s'agit d'alcool
potable !?! qui titre 96 ° ! Nous achetons de la
dynamite, du jus de fruit pour tout le groupe : il n'y a que
quatre mineurs au fond aujourd'hui contre deux cents habituellement !
Sur place on y ajoutera de l'eau et quelques feuilles de coca.
Ensuite on grimpe sur le Cerro et nous voici arrivés devant la mine.
L'entrée semble plutôt bien étayée et c'est finalement assez
confiants que l'on entre. Au bout de quelques centaines de mètres,
déjà ce n'est plus pareil : il faut sans cesse faire attention
où on met les pieds et les coups sur la tête sont fréquents !
Enfin plus fréquents pour certains... On s’arrête au bout d'un
moment pour honorer Tio, la divinité indienne qui veille sur les
mineurs. Les Espagnols l'appelaient diable, mais pour les indiens il
est plutôt un bienfaiteur. Il symbolise la fertilité, la chance, la
protection. Oscar, notre guide lui allume une cigarette qu'il fumera
pendant notre présence. On continue à s'enfoncer sous terre et les
passages deviennent de plus en plus étroits. L'air frais de
l'extérieur est maintenant remplacé par des bouffées d'air chaud
et il est de plus en plus difficile de respirer. Un chariot poussé
par deux mineurs passe à vive allure et soulève un nuage de
poussière. Nous arrivons ensuite à l'endroit où deux mineurs
remplissent leur wagonnet. Ils hissent au moyen d'un treuil
rudimentaire des sacs d'une trentaine de kilos de minerai qui
provient de la galerie d'en dessous. Lorsque le wagonnet est plein
ils le poussent à vive allure vers la sortie. Ces quatre mineurs qui
travaillent sont « propriétaires » de leur secteur et se
partagent les bénéfices. Ils peuvent espérer gagner jusqu'à 2000
bolivianos par mois (250 euros). Un mineur indépendant gagne en
moyenne 800 bolivianos, cela dépend de la quantité mais également
de la qualité du minerai.
La visite se poursuit par une galerie
très étroite qui plonge dans les entrailles de la mine. Mais avec
Martine, un couple de Boliviens et un jeune français nous préférons
attendre là le retour de nos compagnons... Le retour à l'air libre
s'effectue par le même chemin dernière occasion pour éprouver la
solidité du casque.
Il y a trois sortes de mines à
Potosi : celles gérées par des multinationales (USA ou Canada)
où les mineurs ont un salaire minimum et des avantages sociaux ;
celles cogérées par des petites sociétés et l'état Bolivien, et
enfin des coopératives où les mineurs ne sont payés qu'à la
tâche...
En fin de compte, on a surmonté notre
peur et reçu une belle leçon d'optimisme grâce à deux guides
passionnés. Ils nous avaient bien expliqué qu'il y a deux mondes
celui de la mine et le monde extérieur : dans la mine c'est
solidarité, entrain, humour, sinon on ne tient pas...
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Le Cerro Rico |
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La mine |
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L'entrée |
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Le tio |
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Ouf !!!! |