Réunion

samedi 24 novembre 2012

Dans les mines de Potosi

Les mines d'argent et d'étain sont toujours en activité, et quelques mineurs proposent même de les visiter mais nous avions deux excellentes raisons pour ne pas effectuer cette visite. La première est d'ordre éthique. Comment peut-on aller jouer les touristes dans une mine où de nombreux boliviens souffrent chaque jour ? Hommes, femmes, enfants (en alternance avec l'école qui pratique la double vacation) passent de huit à vingt-quatre heures enfermée dans des galeries où les écarts de température peuvent être énormes. Ils y respirent toutes sortes de poussières et de gaz toxiques et y effectuent un travail de bagnard. Seuls l'alcool et la coca leur permet de tenir le coup. L'espérance de vie n'excède pas 45 ans...
La seconde est plus terre à terre, nous avions tous les deux les caguettes ! Si Martine avait bien surmonté notre première expérience spéléologique dans le Ventoux, cela avait été beaucoup plus difficile pour moi ! Aussi nous étions bien décidés de vous parles des mines en vous renvoyant sur l'article de Caro et Lolo sur leur blog... Et puis, il a suffi de la rencontre avec un couple de Français ce matin au petit déjeuner pour que nous nous laissions convaincre. D'abord on était dimanche et le dimanche,il y a très peu de mineurs qui travaillent, et les guides mineurs qu'ils nous ont conseillés étaient très attentifs.
La visite commence donc par un déguisement de mineur (bottes, pantalon, veste et casque avec une lampe), puis on se rend dans l'entreprise qui traite les minéraux extraits par les mineurs, d'abord avec un concassage et dépôt, puis traitement chimique. Ensuite nous passons par une épicerie spécialisé (sorte d'Hélène spécial mine) où nous achetons les offrandes pour les mineurs que l'on devrait croiser. On en profite pour boire l'alcool des mineurs en en versant quelques gouttes sur le sol pour demander la protection de Pachamama. Il s'agit d'alcool potable !?! qui titre 96 ° ! Nous achetons de la dynamite, du jus de fruit pour tout le groupe : il n'y a que quatre mineurs au fond aujourd'hui contre deux cents habituellement ! Sur place on y ajoutera de l'eau et quelques feuilles de coca. Ensuite on grimpe sur le Cerro et nous voici arrivés devant la mine. L'entrée semble plutôt bien étayée et c'est finalement assez confiants que l'on entre. Au bout de quelques centaines de mètres, déjà ce n'est plus pareil : il faut sans cesse faire attention où on met les pieds et les coups sur la tête sont fréquents ! Enfin plus fréquents pour certains... On s’arrête au bout d'un moment pour honorer Tio, la divinité indienne qui veille sur les mineurs. Les Espagnols l'appelaient diable, mais pour les indiens il est plutôt un bienfaiteur. Il symbolise la fertilité, la chance, la protection. Oscar, notre guide lui allume une cigarette qu'il fumera pendant notre présence. On continue à s'enfoncer sous terre et les passages deviennent de plus en plus étroits. L'air frais de l'extérieur est maintenant remplacé par des bouffées d'air chaud et il est de plus en plus difficile de respirer. Un chariot poussé par deux mineurs passe à vive allure et soulève un nuage de poussière. Nous arrivons ensuite à l'endroit où deux mineurs remplissent leur wagonnet. Ils hissent au moyen d'un treuil rudimentaire des sacs d'une trentaine de kilos de minerai qui provient de la galerie d'en dessous. Lorsque le wagonnet est plein ils le poussent à vive allure vers la sortie. Ces quatre mineurs qui travaillent sont « propriétaires » de leur secteur et se partagent les bénéfices. Ils peuvent espérer gagner jusqu'à 2000 bolivianos par mois (250 euros). Un mineur indépendant gagne en moyenne 800 bolivianos, cela dépend de la quantité mais également de la qualité du minerai.
La visite se poursuit par une galerie très étroite qui plonge dans les entrailles de la mine. Mais avec Martine, un couple de Boliviens et un jeune français nous préférons attendre là le retour de nos compagnons... Le retour à l'air libre s'effectue par le même chemin dernière occasion pour éprouver la solidité du casque.
Il y a trois sortes de mines à Potosi : celles gérées par des multinationales (USA ou Canada) où les mineurs ont un salaire minimum et des avantages sociaux ; celles cogérées par des petites sociétés et l'état Bolivien, et enfin des coopératives où les mineurs ne sont payés qu'à la tâche...
En fin de compte, on a surmonté notre peur et reçu une belle leçon d'optimisme grâce à deux guides passionnés. Ils nous avaient bien expliqué qu'il y a deux mondes celui de la mine et le monde extérieur : dans la mine c'est solidarité, entrain, humour, sinon on ne tient pas...

Le Cerro Rico

La mine

L'entrée

Le tio





Ouf !!!!

1 commentaire:

  1. Que tu as l'air détendu Thierry dans la mine!!!! Martine tu as l'air + cool.
    Bises à tous les 2 les Garcin.

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